Alors que de nombreux artistes cèdent à l’automatisation et aux productions standardisées, le collectif Butcher Brown continue d’avancer dans son mélange de jazz et de hip-hop avec l’album « Triple Trey » et ses arrangements de cuivres luxuriants .
Certains groupes avancent sans s’appuyer sur des plans marketing spectaculaires, sans se mettre en avant, sans dérouler des centaines de fois les mêmes histoires au cours d’interviews promotionnelles sans âme. Certains groupes sont uniquement propulsés par leur étincelle créative, motivés par leur propre vision musicale, cherchant à perfectionner leur art honnêtement plutôt que chasser le succès avec des compromis.
C’est le cas de Butcher Brown, dont la formule n’est pas la plus simple, entre l’exigence du jazz, la profusion sonore d’un big band, la puissance rythmique du hip-hop et ce qu’il faut de souplesse pour articuler l’ensemble avec des mots finement ciselés.
Mais quand tout un collectif est porté par la même envie, tout semble facile et naturel. « Triple Trey » est une célébration du processus de création musicale : avec ses rimes en roue libre, son foisonnement instrumental, il cristallise cette urgence de partager la partition qui se joue dans chaque musicien, portée par la force d’un groupe qui respire à l’unisson.
La musique qui en découle est forcément vivante : elle ne demande qu’à être jouée en direct pour mieux trouver des relais organiques et émotionnels dans un public, et chercher à rassembler autour d’une vibration commune.
C’est sûrement pour ça que plutôt que de multiplier les clips décoratifs pour accompagner la sortie de l’album, Butcher Brown a produit des vidéos supplémentaires de certains titres en live, qui transmettent cette volonté fédératrice.
Certains groupes multiplient les artifices pour attirer la reconnaissance, créant des diversions pour alimenter les conversations. Mais Butcher Brown ne veut pas être un feu de paille, et chemine avec l’assurance de ceux qui préservent leur intégrité artistique avant tout.