Lundi, c’est le jour de la mélancolie. Et celle proposée par Silvana Estrada dans « Marchita » révèle la portée universelle de la musique, tout en préservant les mystères de son pouvoir d’évocation.
Même sans comprendre le moindre mot de ses paroles, on a le coeur serré en écoutant la chanteuse mexicaine ouvrir sa voix sur des instrumentations dépouillées. On navigue en pleine nostalgie : la tristesse est douce, le temps répare les blessures, les déceptions précèdent les inspirations lumineuses, et les échecs sont autant d’étapes pour apprivoiser les douleurs qui ne manqueront pas d’arriver. On se perd, mais on ne s’égare pas, et la valse de nos grands sentiments jongle avec les illuminations transformatrices.
Minimaliste mais d’une grâce absolue, « Marchita » n’a pas besoin de grand chose pour provoquer un déluge émotionnel, bercé par les vocalises magiques de Silvana Estrada, dont on ne sait pas si on doit souligner la douceur ou l’intensité déchirante.
Quelques arpèges, quelques touches de cordes et de discrètes percussions viennent souligner toutes les nuances du chant, sans jamais prendre trop de place, toujours pour servir cette harmonie désarmante de beauté pure.
C’est un disque pour tous ces regards dans le vague, dont on ne sait pas s’ils contemplent leurs regrets ou s’ils se raccrochent à leurs espoirs. Un disque pour comprendre ce qui se joue dans nos incertitudes, et trouver un peu de réconfort dans le tumulte de nos tourments. Un disque pour faire face à nos choix impossibles, et comprendre qu’on pourra toujours apprendre quelque chose de nos mauvaises décisions, de nos piètres jugements et de nos coeurs brisés.