Zee Slop

Chroniques du désordre musical

Jour 16 : Little Simz – NO THANK YOU

Illustration de la pochette de l'album "No thank you" de Little Simz

Bon, on n’est pas vraiment en dehors des sentiers battus avec le dernier album de Little Simz, tant la jeune rappeuse britannique a gagné ses galons d’artiste importante et reconnue ces dernières années, et que ce « NO THANK YOU » saura trouver son chemin vers un succès mérité. Mais quand même. On a envie d’en parler, tout simplement.

Ce nouveau disque est sorti il y a seulement quatre jours, et il y a déjà beaucoup de choses à dire à son propos. Il présente toutes les caractéristiques d’une artiste au sommet de son art, qui enchaîne ses phrases ciselées en toute décontraction mais avec une rythmique implacable et une assurance manifeste dans son propos.

Et même si l’ensemble est moins surchargé que son album précédent, le très ambitieux « Sometimes I Might Be Introvert », Little Simz n’a pas peur de s’autoriser à en faire des caisses sur certains passages instrumentaux, qui maximisent leurs effets en s’épargnant la subtilité : arrangements orchestraux grandioses, choeurs gospel puissants, vocalistes invités au vibrato appuyé…

Mais c’est surtout un énorme doigt d’honneur envoyé à l’industrie musicale et son fonctionnement actuel, dont elle refuse ouvertement les codes et s’affirme en artiste fière et indépendante.

Il faut être solide sur ses appuis pour sortir un disque sans plan marketing, sans vidéo promotionnelle, juste une annonce en une phrase une semaine avant la sortie officielle ce lundi 12 décembre 2023. Alors que les nouveautés paraissent traditionnellement le vendredi, que le mois de décembre n’est que rarement consacré à des sorties importantes (sauf les disques de noël et l’album surprise de Beyoncé en 2013), que les tops de fin d’année sont déjà rédigés dans chaque magazine musical, Little Simz va à contre courant… et ça marche, puisqu’on en parle en plébiscitant une telle audace.

Les choses ne s’arrêtent pas là, tous les formats explosent, certains morceaux dépassent les 7 minutes, sans qu’on en perçoive la longueur.

Où s’arrêtera-t-elle ? Jusqu’à quel point pourra-t-elle garder cette indépendance ? Les paliers du succès s’accompagnent souvent de compromis, les idéaux affichés en début de carrière résistent assez rarement au fil des années, et à l’entrée dans le cirque médiatique « grand public ». Malgré toute la réussite qu’on souhaite à Little Simz, on espère que même si la soupe est bonne, elle refusera de transiger avec sa vision créative et de diluer sa musique dans un goût qui n’est pas le sien.

Avec un « NO THANK YOU » prononcé avec panache, la tête haute et le regard déterminé à poursuivre son oeuvre.