Zee Slop

Chroniques du désordre musical

Jour 20 : Dry Cleaning – Stumpwork


Intégrer dans notre sélection ce « Stumpwork », deuxième album de Dry Cleaning, c’est déjà récompenser la meilleure pochette de l’année, et donner l’occasion à ceux qui ne l’avaient pas encore vu de mettre à l’épreuve leur degré d’aversion aux résidus velus. Bien sûr, la musique qu’il contient n’a pas ce côté répulsif venu du fond du SIF. Bien au contraire.

Les morceaux conçus par Dry Cleaning exercent une attirance proche de la fascination, un attrait mystérieux dont on ne parvient pas à saisir les causes.

On peut essayer de garder de la distance, on peut tenter de regarder ailleurs, notre attention reviendra invariablement se fixer sur la proposition artistique qui se déroule dans nos oreilles. C’est une intrigue qui se tisse, qui appelle notre attention pour comprendre ce qui se joue, et sans savoir pourquoi, on y revient sans pourtant y trouver la moindre réponse.

Peut-être que ça vient du ton assez unique de la chanteuse Florence Shaw, qui justement refuse de chanter. Elle préfère les déclamations traînantes, le phrasé laconique de l’artiste désabusée. Distance protectrice ou détachement sarcastique, on ne sait pas trop ce qu’elle cache sous ses textes mi-poétiques, mi-critiques, mi-absurdes (on sait que ça fait trois moitié et on s’en tape).

Pour donner de la consistance à ce propos bien singulier tout en préservant la cohérence esthétique de l’ensemble, le groupe propose sa vision d’instrumentaux attachants et intelligents. Aucune charge inutile, pas d’encombrement sonore, juste ce qu’il faut d’idées et d’intentions pour donner une vision du cool plus cool que ceux qui veulent être cool.

Dry Cleaning, c’est le groupe qu’on écoute sans qu’il nous impose quoi que ce soit, c’est la force d’une attitude qu’on regarde sans qu’elle nous force à le faire, c’est le pouvoir d’attraction de ceux qui n’ont pas pas besoin d’être attirants pour exister.