La fin de l’année, c’est la période des bilans, du regard sur soi-même pour préparer d’éventuelles résolutions pour l’année à venir. C’est parfois dur, c’est parfois déchirant, c’est parfois une prise de conscience brutale du temps qui passe trop vite pour nous laisser devenir la personne qu’on rêve d’être. « Unison Life » ne raconte pas autre chose, et démontre tout le talent de Brutus pour exprimer l’angoisse existentielle.
Le choc de la réalité peut être dur à encaisser quand il vient contredire nos petites illusions et nos grandes ambitions. Quand on vieillit, que la lanterne s’éclaire sur les sacrifices sans résultats et l’épuisement face aux luttes quotidiennes. Cette tension impitoyable et ces tourments permanents palpitent dans la musique de Brutus, qui vient libérer toutes les frustrations trop longtemps contenues.
Ce sont des sentiments violents, qui s’échappent avec la puissance nécessaire pour les conjurer et s’armer pour les combats à mener face aux déceptions inévitables. Cette offensive ne se mène pourtant pas sur un seul front, et Brutus ne se laisse pas enfermer dans l’une des multiples chapelles esthétiques qui distingue les groupes énervés avec des guitares saturées et une batterie lourde.
Bien sûr, ça fait globalement beaucoup de bruit et ça n’aura pas beaucoup de succès dans les maisons de retraite, mais certains titres sont presque accessibles, comme le single « Victoria », dont le côté mélodieux affirme la portée universelle de son propos.
Ce n’est pas le seul titre marquant de cet album, imprégné de l’alchimie éclatante qui soude le trio belge, qui sait se montrer à la fois d’une puissance épique et d’une sensibilité criante.
Tout ces aspects s’incarnent à merveille dans la voix sur le fil de Stefanie Mannaerts, gorgée du désordre émotionnel de ceux qui regardent en face leur vie intérieure, sans craindre d’affronter leur propre détresse.
Dans la quête de communion, cette volonté d’une vie à l’unisson, c’est aussi important de ne pas se sentir seul dans sa tristesse, sa fureur et ses désillusions.