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Chroniques du désordre musical

Jour 23 : Astéréotypie – Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme


Plus les années passent, plus il est difficile de trouver de nouvelles idées et de défricher un terrain musical inconnu. Certains essayent à tout prix de faire les choses différemment, de trouver un son unique, de pouvoir affirmer « personne n’a fait ça avant moi », mais il n’y a rien de pire qu’une originalité forcée. Heureusement, le dernier album d’Astéréotypie montre que les surprises sont encore possibles, et qu’on peut se réjouir qu’aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme si ça inspire de tels disques.

Bien sûr, cette ébullition créative ne pouvait que venir d’un projet en dehors des logiques commerciales de l’industrie musicale. Astéréotypie est né en 2010 dans un centre médico-éducatif qui accueille de jeunes autistes, et d’un atelier d’écriture aux résultats spectaculaires, aussi détonnants que poétiques. Sans stéréotypes, donc, mais avec une énergie authentique.

Au fil des années, le collectif s’étoffe, et la mise en musique devient une évidence. Parce qu’au delà des textes, les phrasés sont également atypiques, et méritent un accompagnement à la hauteur des déclamations ardentes qui jalonnent leur parcours artistique.

« Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme » est déjà leur troisième album. C’est aussi une forme d’aboutissement tant la formule y est efficace, enrichie par la touche féminine apportée par la nouvelle recrue Claire Ottaway.

Astéréotypie ne se résume pas à son côté hors cadre : les morceaux emportent tout sur leurs passages, ce sont d’énormes rampes de lancement pour la libération des inhibitions, un plaidoyer pour une expression de soi sincère et anarchique, un manifeste du laisser aller plein de ferveur, qui vient chatouiller tout ce qu’on a refoulé derrière la surface.

Ce disque contient des dizaines de lignes incroyables, des trouvailles littéraires à la pelle, et des refrains surchauffés qu’on gueule jusqu’à l’extinction de voix. Tout le monde s’appropriera facilement le mantra « Je veux, je dois, je veux être un Pacha », mais c’est tout le pouvoir de la musique qui est à l’oeuvre quand on se surprend à hurler en boucle « Du vélo, à St Malo, du Kayak, à St Briac ».

Le travail du collectif a été mis à l’honneur dans un documentaire, « L’énergie divine des dieux », qui est le meilleur témoignage des vertus de la création artistique, et de la force d’un objectif commun.