Le saxophone peut-il encore être sexy en 2022 ? La réponse est évidente dès qu’on entend le souffle de Laurent Bardainne propulser des sonorités enchantées à travers son instrument cuivré.
On entre dans « Hymne au soleil » comme dans la caverne aux merveilles, avec le sentiment immédiat qu’on en sortira plus riche.
Le dernier album du saxophoniste, accompagné de l’impeccable groupe Tigre d’eau douce, agit comme un baume aux mille vertus, alternant la contemplation rêveuse et les rythmes régénérateurs. C’est simple, on n’a rien entendu en 2022 de plus harmonieux et apaisant que l’ouverture de ce nouvel album, le morceau bien nommé « Oh Yeah ».
Mais le voyage ne s’arrête pas là : les ambitions sont éclectiques et aventureuses, les variations sont pleines de couleurs, et la mise en oeuvre est toujours lumineuse. Toutes ces plages instrumentales ont une réelle puissance évocatrice : elles font preuve de nuance et de dramaturgie, progressent dans leur intensité et ouvrent de nouvelles portes émotionnelles. Elles racontent une histoire sans avoir besoin de mots, et s’insinuent sans forcer dans les meilleures parties de notre inconscient.
Que ce soit dans les thèmes mélodiques ou les improvisations, les instruments semblent vivants, portés par un souffle poétique qui ne veut pas choisir entre exaltation et béatitude. Cet « Hymne au soleil », c’est une ode à « La vie, la vie, la vie ».
Cerise sur le gâteau, deux invités viennent apporter leur voix et encore faire varier les tons et les ambiances : Célia Wa pour « Jou en nou rivé », plaisir immédiat de pop cosmopolite, et Bertrand Belin sur « Oiseau », qui explore les états d’âme libertaires d’un volatile insouciant sur une reprise du thème inaugural, bouclant la boucle d’un album à la chaleur envoûtante, parfaitement équilibré de bout en bout.