Zee Slop

Chroniques du désordre musical

Jour 1 : Dälek – Precipice

Illustration de la pochette d'album Precipice de Dälek

Pour commencer ce calendrier de l’avent musical, quoi de mieux qu’un disque qui sonne comme l’année écoulée. Chaotique, grave et oppressant, « Precipice » est un messager des temps. Un compte rendu d’une époque égarée et de mouvements imprudents au bord du gouffre.

Il confirme que Dälek s’affirme au fil des années comme un groupe passionnant à suivre, qui construit patiemment une oeuvre unique dans le paysage du hip-hop contemporain. Une oeuvre cohérente et exigeante, construite sur un millefeuille sonore massif et une conscience politique aiguisée. Les instrumentaux sont agressifs, dissonants et d’une densité rare, où les basses vibrantes s’accompagnent de bruits, de larsen, et de fréquences embrouillées. Une signature expérimentale mais jamais gratuite : elle reste intelligible, et donne plus de poids aux intentions artistiques du groupe et à son propos énervé.

Dälek, c’est la voix de la conscience qui se fraye un chemin au milieu d’un environnement hostile, à travers le grésillement de l’injustice, la rythmique sourde de la violence, l’écho de la corruption, le poids de la médiocrité ambiante et le grondement menaçant de l’obscurantisme.

Au moment d’entrevoir le précipice, il rappelle le fardeau de la lucidité quand la marche du monde se charge de compromettre notre destin commun.

Un disque à l’image de l’année 2022. Un disque qui rappelle que la beauté palpite quelque part dans l’angoisse, consciente de fluctuer entre mince espoir et désolation.