Zee Slop

Chroniques du désordre musical

Jour 13 : Viagra Boys – Cave World

Illustration de la pochette de l'album "Cave World" des Viagra Boys

Est-ce que le punk est devenu une caricature de lui-même ? Est-ce que ce qui a été autrefois l’emblème de l’anticonformisme se résume aujourd’hui à une pile de clichés où la posture prime sur la spontanéité ? Nope. Il reste quelques groupes qui parviennent à réinventer le genre et l’attitude, comme les Viagra Boys, qui n’en ont toujours rien à foutre de faire les choses dans les règles sur « Cave World ».

Déjà, ils font du punk en intégrant du saxophone dans leur mélange bruyant. L’ingrédient secret pour se démarquer, la touche d’originalité pour se faire remarquer, tout en respectant les fondamentaux de nervosité mal canalisée, de désordre revendiqué et d’une forme d’arrogance résolue.

Les Viagra Boys sont des sales gosses. Des fêtards qui aiment le bordel et qui ne rechignent pas à montrer leur vomi dans leurs vidéos. Des vrais, des tatoués, dont la liberté sans scrupule peut piquer ceux qui ne s’autorisent pas la même spontanéité.

Ils doivent être insupportables à vivre, mais leur puissance sonore et leurs potacheries peuvent avoir un vrai bénéfice cathartique pour n’importe quel mortel, qui trouvera dans leur musique un défouloir efficace et une voie pour évacuer ses frustrations.

Leur fausse stupidité est aussi une façon de mettre en miroir le monde qui les entoure, entre les arriérés qui cherchent à justifier leur violence sur « Troglodyte », les tunnels de la pensée complotiste sur « Creepy Crawlers », les cases à cocher pour atteindre la maturité sur « Big Boy », ce dernier titre invitant un autre poil à gratter punk, le Sleaford Mod James Williamson.

La satire est drôle, et surtout tape juste. Parce qu’au final, porter haut les valeurs désinvoltes de la fête et jouer les bouffons dans des vidéos régressives, c’est pas plus con que n’importe quel autre choix de vie, et ça fournit de la musique de qualité à ceux qui rêvent de faire pareil.

Non, les Viagra Boys ne sont définitivement pas des perdants du punk rock.