
L’époque est faite de sollicitations permanentes, de notifications invasives, d’injonctions à aller vite et encore plus vite, dans une quête effrénée de productivité et de rentabilité. La pression est constante pour assigner un objectif à chaque instant, et se satisfaire de cocher des cases dans des listes de choses à faire. Pourtant, certains artistes persistent à proposer des poches de réalité alternatives à l’ambiance radicalement différente. Hinako Omori en fait partie, et son premier album « a journey… » porte bien son nom.
Quand la surcharge cognitive devient trop forte, chacun a sa méthode pour faire face. Certains se tournent vers le sport, d’autres vers la méditation, on évitera de mettre en avant ceux qui tombent dans diverses addictions, pour préférer ceux qui se ménagent des moments hors du temps à base de musique minimaliste.
Pour eux, qui naviguent immobiles dans des espaces imaginaires toujours renouvelés, il existe un répertoire musical particulièrement fourni, qui existe souvent hors des regards, confidentiel comme les rêveries qu’il accompagne. Hinako Omori s’est lancée dans ce grand bain extatique avec son premier long format, qui est un véritable voyage onirique.
« a journey… » propose du tourisme utopique, une ballade contemplative qui ne donne rien à regarder, mais où chaque micro-tremblement du tympan ouvre une nouvelle connexion neuronale, une porte vers un songe fantastique et chatoyant.
C’est une expérience sensorielle qui demande un abandon quasi-total, où il faut se couper du monde pour en mesurer les bénéfices : ressentir toutes ses tensions se réduire petit à petit, au fil des nappes sonores éthérés, de l’écho de quelques notes éparses, des quelques voix célestes qui parsèment cette odyssée irréelle.
On flotte dans un espace indéterminé, sans substance mais avec une atmosphère régénératrice, sans limites visibles mais avec des ondes fertiles pour tous ceux qui accepteront de se laisser porter, au calme.