Zee Slop

Chroniques du désordre musical

Jour 15 : The Sadies – Colder Streams

Illustration de la pochette de l'album "Colder Streams" de The Sadies

L’Amérique du nord est une terre de rêve. Un continent qui porte une mythologie à part, où chaque territoire est une histoire de conquête et de lutte, où la sanctification de la liberté peut être aussi salvatrice que destructrice. Ses légendes et modes de vie ont inspiré de multiples courants musicaux qui ont contribué à son rayonnement culturel, et à alimenter un imaginaire fantasmé et rempli de paradoxes. Et les Sadies rassemblent comme nul autre groupe ces obsessions nées des grands espaces, comme l’illustre « Colder Streams ».

De la country au rock un peu crade, du folk triste au psychédélisme frondeur, en passant par la surf music, le groupe emmené par les frères Good écrit des chansons sublimes sans se restreindre à une seule esthétique.

Car c’est avant tout le talent d’écriture qui rend la musique des Sadies aussi touchante, avec ces textes qui ont bien compris que les désillusions sont plus cruelles quand elles sont précédées de grandes espérances, et que le destin frappe sans prévenir, sans se soucier de la traînée de poudre qu’il déclenche.

Ce hasard cruel, le groupe l’a vécu directement cette année : Dallas Good est mort d’une maladie cardiaque, à seulement 48 ans. S’envolent avec lui les lignes de guitares intenses, les harmonies vocales sensibles, le sens de la composition aiguisée.

« Colder Streams », enregistré avant ce coup du sort, prend donc des atours de chant du cygne, et si la musique des Sadies n’a jamais été particulièrement joyeuse, elle joue ici une véritable tragédie dont on connaît l’issue.

Elle n’en est que plus touchante, et donne l’occasion de saluer l’immense carrière de ces héros des circuits musicaux alternatifs, qui font vivre leur musique sur les routes, en dehors de la lumière, mais avec une âme.