Certaines formes musicales sont faites pour adoucir les trahisons du corps, et accompagner tous ces moments où les perceptions sont déformées par notre état physique. Pour les réveils difficiles, pour les insomnies, pour les lendemains de cuite, pour les migraines et les fièvres. Avec « Come Around », Carla del Forno fournit l’album parfait pour un dimanche de gueule de bois, avachi et à moitié conscient.
C’est une musique spacieuse, qui sait prendre son temps pour souligner des lignes de basse lancinantes avec divers ornements noyés dans la réverbération, poursuivant les murmures hypnotiques de Carla dal Forno.
C’est un disque d’errance surréaliste, où on voltige dans une dimension alternative suffisamment familière pour y trouver des repères, mais assez étrange pour en faire une expérience sensorielle à part. Un peu comme un épisode de Twin Peaks.
On tutoie les nuages, on s’approche d’un état de conscience semi-gazeux, le relâchement s’installe et plus rien n’a d’importance. Le monde extérieur peut attendre, on ne veut surtout pas précipiter le retour à la réalité. « Come Around » agit comme une caresse chimérique, un élan de délicatesse qui éloigne le mauvais oeil et exalte les vertus de la passivité.
Cet album, c’est une bulle de coton protectrice, une enveloppe vaporeuse qui distille des parfums ensorcelants, un remède qui agit lentement pour se remettre sur les rails d’une activité normale. C’est une pause loin des responsabilités pour tous ceux qui ont besoin d’un moment pour laisser s’échapper leurs troubles, pour se régénérer avant de reprendre le cours de leur vie, tranquillement portés par un éveil rempli de douces mélodies.