Zee Slop

Chroniques du désordre musical

Jour 7 : Wet Leg – Wet Leg

Illustration de pochette de l'album éponyme de Wet Leg

Après des études de musique et quelques échecs dans le lancement de leurs carrières respectives, deux amies montent un duo au nom absurde sur un coup de tête. Isolées au large de l’Angleterre sur l’île de Wight, elles veulent simplement se marrer et tromper leur ennui en attendant de savoir quoi faire. Le reste appartient à l’histoire.

Quelques démos sont postées sur Soundcloud, et un gros label les repère avant même qu’elles aient trouvé leur public. Elles enregistrent rapidement le single « Chaise Longue » et c’est le début d’un buzz aux proportions inattendues.

La vidéo tourne en boucle, illumine des millions d’écrans et fait résonner dans le monde entier cet hymne je m’en foutiste imparable. En quelques minutes, on tient la quintessence du détachement de la jeunesse, des postures désinvoltes, des moments de paresse sans culpabilité. Toute la journée sur la chaise longue.

Autant dire que l’album était attendu, pour rester connecté à l’adolescent léthargique resté en chacun de nous, et pour faire comme si une indifférence un peu insolente permettait de mettre de côté les soucis, le stress et les questions existentielles.

Une mission parfaitement remplie : Wet Leg enchaîne les tubes avec une facilité déroutante. Ce premier album, c’est un peu plus d’une demi-heure de plaisir immédiat et d’humour distancié. Une chronique nonchalante de l’ennui qui s’assume, de relations sociales et romantiques sans gravité, d’un quotidien qui abandonne les grands rêves pour des satisfactions simples, comme un rencard basé sur le DVD de Buffalo ’66.

L’absence de sérieux est totale, et l’avenir dira si ce disque résiste à l’épreuve du temps. Mais pour le moment, il apporte une réponse à certains des besoins de l’époque, avec des refrains obsédants et des chansons qui se jouent en boucle.

Bonus : pour rétablir l’équilibre après avoir emprunté les mots « Chaise Longue » à la langue française, Wet Leg a publié une version de la chanson dans une traduction approximative qui réserve des punchlines mémorables, comme « As-tu besoin de quelqu’un pour te beurrer la brioche ? »