Zee Slop

Chroniques du désordre musical

Jour 9 : Nilüfer Yanya – Painless

Illustration de pochette de l'album "Painless" de Nilüfer Yanya

Jeune artiste prodigieuse, Nilüfer Yanya s’inscrit dans la lignée des grands stylistes de la guitare. Sans virtuosité inutile, elle préfère imposer une signature sonore unique au fil d’innombrables trouvailles mélodiques et rythmiques, insufflant une véritable âme à son instrument, qui devient le prolongement créatif de ses humeurs et de son inventivité. Mais son album « Painless » va bien au-delà de ses qualités d’instrumentiste.

Tout ici est affaire de textures, de relief, d’équilibre tremblant et de déséquilibre assuré, d’un spectre sonore qui roule sur un fil tendu dans des compositions surprenantes et sensibles. Malgré sa voix désabusée et distante, Nilüfer Yanya fait le point sur sa fragilité, explore les profondeurs de ses insécurités avec la détermination ténébreuse de ceux qui savent en tirer quelque chose.

En l’occurence, elle en tire des chansons ahurissantes, aussi hypnotiques que puissantes, où les tempêtes d’angoisse font naître les révélations émotionnelles. Et si l’anxiété est omniprésente, la colère est absente, ce qui rend cet album presque rassurant. Comme un rappel qu’on peut apprivoiser l’incertitude, et s’envelopper dans les ambiguïtés, les fluctuations et les flottements de l’esprit. Comme pour accepter la relativité des choses et la place du hasard.

Car quand la confusion est la norme, le doute devient la véritable clairvoyance, et « Painless » aide à trouver un peu de réconfort dans les brumes de l’inconstance, dans le multivers des éventualités, dans la part d’avenir qui finira toujours par se dessiner à travers nos choix, et dans celle qui s’imposera sans nous demander notre avis.